Thomas à propos de Trüb

Comment résumer une vie intense et une longue carrière ? Il faut refaire le chemin parcouru, revenir sur les moments forts (et quelques anecdotes) accompagné d’une plume alerte. C’est ce que j’ai voulu faire.

Sommaire

Fin des années

1950

,

début des années

1960

.

A star is born, la plus ancienne photo connue de Thomas (ici avec sa mère).

Photo : privée

Première empreinte : 27 août 1952

Au début, les paroles du père, un peu confuses, étaient troubles :

« Dans les premières minutes de sa vie, il était bleu violet et criait pitoyablement ; il avait des cheveux noirs jusqu’aux oreilles et de longs ongles. Au lieu d’être joliment bouclés, les bords de ses oreilles étaient affreusement plats. Son visage ne pouvait pas être qualifié de particulièrement beau ; au contraire, il ressemblait à un dgmlseklmmiKehschmgcktendeminketi. De grosses joues tombantes et de petits yeux gonflés complétaient le tableau. Mais il s’embellit de jour en jour… »

Tommy the Kid

Déjà petit, je faisais preuve d’un certain sens des affaires, et j’étais travailleur. J’ai commencé à gagner de l’argent en cirant les chaussures des membres de ma famille, mais je n’étais pas très doué. J’ai passé une partie de mon enfance à Coire, où mon père travaillait. Pour ma part, j’avais pas mal de succès en tant que déneigeur. Je dégageais les entrées et les voies d’accès de nos voisins. Au printemps suivant, j’avais économisé suffisamment d’argent pour m’offrir un vélo de la marque Halbrenner, très en vogue à l’époque.

Le prince endormi et non le voleur à l’étalage.

Photo : privée

Tommy the Kid (deuxième partie)

Un copain d’école et moi nous étions rendus au magasin de quartier pour acheter des friandises. Nous étions si absorbés par les différents choix que nous n’avons pas remarqué que le gérant avait fermé le magasin pour la journée et était parti. Lorsque nous nous en sommes aperçus, nous avons hésité entre la peur et la joie d’avoir un accès illimité aux sucreries. J’ai alors élaboré un plan : « Nous allons nous évader », ai-je dit à mon ami. « Mais pour éviter d’être punis, il ne faut rien toucher, et surtout rien manger. » Il était d’accord. Nous avons cassé une porte vitrée et nous sommes libérés.

Une fois à la maison, après le repas du soir, quelqu’un a sonné à la porte. C’étaient deux policiers : un voisin avait été témoin de notre évasion du magasin. Par précaution, je n’avais rien dit à mes parents. Mais le fait que mon ami et moi n’ayons rien mangé ni volé dans le magasin plaidait en notre faveur. Notre évasion était donc justifiée et est restée sans conséquences.

Astrologie

Je suis Vierge ascendant Lion. Je ne crois donc pas aux signes du zodiaque.

L’histoire de mon décrochage scolaire

Lorsque j’étais gymnasien, j’éprouvais déjà des difficultés à m’adapter. Je refusais toute autorité. Le directeur a d’ailleurs plusieurs fois menacé de m’expulser de l’école à cause de mon comportement, jusqu’à ce qu’un jour je lui demande un entretien pour lui annoncer que je quittais l’école de mon plein gré. Face à mes propos, l’homme m’a répondu, de manière surprenante, qu’il me comprenait, mais que je devais finir le gymnase, car la maturité me donnerait de meilleures chances de réussite dans la vie professionnelle. Mais ma décision était prise, et j’ai donc arrêté l’école. J’ai commencé un apprentissage de libraire-éditeur. On y apprend le métier d’éditeur, tandis qu’un apprentissage de libraire se concentre plutôt sur le contenu des livres. C’est ainsi que j’ai posé la première pierre de ce qui allait devenir ma carrière, puisque j’allais principalement travailler dans le secteur de l’édition ou, plus lyriquement, de la « création ».

vers

1968

Derrière les barreaux

Mon parcours professionnel a bien failli me conduire en prison. Le conseiller d’orientation que j’ai consulté en compagnie de mes parents me voyait, sans blaguer, directeur de prison. Les compétences nécessaires pour ce poste étaient ce qu’on appelle aujourd’hui des people skills, une certaine habileté dans les relations humaines, un apprentissage achevé, puis une formation continue en psychologie, par exemple à l’Institut C.G. Jung à Küsnacht. Si mon « non-plan » A dans le monde des médias n’avait pas si bien fonctionné, cette carrière aurait peut-être été un plan B réalisable.

vers

1969

Des frères différents

J’avais un grand frère, Martin, de deux ans et demi mon aîné. Lorsque nous étions adolescents, le soir, nous écoutions des stations de radio pirates. Martin était fan des Beatles, mais moi, évidemment, je préférais les Rolling Stones. Pas seulement pour leur musique, mais parce que Mick Jagger avait lui aussi arrêté l’école, et je trouvais cela cool. Mon grand frère était le plus raisonnable de nous deux. Malheureusement, il est décédé d’un arrêt cardiaque à 60 ans, en faisant du sport, alors qu’il était en parfaite santé.

Lequel est le fan des Rolling Stones ? Évidemment, celui de droite.

Photo : privée

Beatles ou Rolling Stones – qui connait Thomas, connait la réponse.

Photo : Wikimedia Commons

« Un petit pas pour Buzz Aldrin », d’accord – et pour Thomas Trüb ?

Photo : Wikimedia Commons

Food for thought

Une partie de mon processus de socialisation a eu lieu au Fritschi, à Lucerne. Ce bistrot sur deux étages se trouvait dans un vieux bâtiment du centre-ville. Les intellectuels se rencontraient en haut. Les durs à cuire se retrouvaient en bas de cinq heures du matin jusqu’à tard le soir. Au rez-de-chaussée, on faisait aussi de la politique. Je me considérais comme un révolutionnaire et je gagnais ma vie en jouant aux cartes. En tant que joueur d’échecs talentueux – j’avais déjà fait match nul lors d’une partie simultanée contre un ancien champion du monde lorsque j’étais étudiant – j’avais les meilleures conditions pour cela. Et bien sûr, on me trouvait au rez-de-chaussée.

vers

1970

1971 - 1973

Viva la revolución!

Chez Fritschi, je me suis lié d’amitié avec Othmar « Otti » Frey, le meneur et maître à penser de la jeunesse progressiste lucernoise. En 1971, nous avons parcouru ensemble l’Union soviétique de l’époque à bord de notre « hôtel roulant », un autocar équipé d’une remorque pour dormir. L’année suivante, nous nous sommes envolés ensemble pour Cuba, le symbole même de la révolution. Le 31 août 1973, en transit à l’aéroport de Prague, j’ai fait la connaissance d’une membre de l’Internationale socialiste du nom de Marie-Françoise. Je n’ai plus jamais oublié cette jeune Corse. Cela fera cinquante ans cette année.

Le lider, Fidel Castro (quelque part dans la photo, peut-être). Il parle devant la foule, parle… Et parle encore… (La Havane, 1973).

Photo : User:Bin im Garten / Wikimedia Commons / CC-BY-SA-3.0

Lequel des deux porte la culotte ? Thomas et Marie-Françoise, au début des années 1970.

Photo : privée

Le journaliste déploie ses ailes

Un homme marié ne devrait pas gagner sa vie en jouant aux échecs ou aux cartes. C’est en tout cas ce que pensait ma jeune épouse qui, en Suisse, se faisait appeler Muriel pour faire plus simple, au lieu de Marie-Françoise. J’ai alors tout fait pour obtenir l’une des places très convoitées à l’école de journalisme de la maison d’édition Ringier (surnommée « Jouschu » ; il s’agissait de la première promotion et la classe de 1974 était entre autres composée de Michael Ringier, aujourd’hui président du conseil d’administration). Mon admission était peut-être liée au fait que dans ma candidature, qu’on appellerait aujourd’hui « lettre de motivation », j’avais prétendu lire les pages économiques de la Neue Zürcher Zeitung (NZZ) pendant mon temps libre, alors que je n’avais jamais ouvert ce journal de ma vie. Une chose est sûre, c’est que j’étais intrépide à la rédaction et que j’ai rapidement été reconnu comme un homme d’action. Mon premier jour de travail, je voulais obtenir un commentaire du président de la banque centrale de l’époque sur une augmentation des taux d’intérêt. Après avoir mené une enquête d’investigation sur l’endroit où il prenait un café, je l’y ai pris par surprise et j’ai obtenu ma déclaration.

vers

1974

1975 - 1977

Brillance d'une personne précoce

J’ai passé un très bon moment à la rédaction de ce tabloïd, qui était probablement à son apogée à l’époque (ou presque) : Fridolin Luchsinger, le rédacteur en chef, était un grand professeur et un expert dans son domaine. Passer par son école, c’était apprendre à s’exprimer de manière concise mais claire. Parmi les nombreuses bonnes histoires que j’ai eu l’occasion d’écrire, quelques-unes sont restées gravées dans ma mémoire :

Le scandale de Chiasso de l’Etablissement suisse du crédit (SKA) ; une aubaine ou une histoire économique de rêve pour un journal qui devait vendre en kiosque.

L’ascension (provisoire) de Werner K. Reys, l’un des premiers corporate raiders, jongleurs d’entreprises, de Suisse.

Très tôt, j’ai peut-être couvert l’histoire la plus folle de ma carrière, surtout parce que je ne me suis pas contenté de décrire les événements, mais que je les ai aussi façonnés. J’avais un double rôle, que peu de journalistes pourraient assumer aujourd’hui, avec la compliance et les autres obligations en matière de gouvernance d’entreprise. Il s’agissait de 170 ouvriers du bâtiment d’un entrepreneur de Coire, bloqués dans le désert libyen et en proie à des difficultés financières (et autres). Ses hommes devaient rester sur un chantier, sans pain, sans eau, sans salaire et sans passeport. J’avais reçu l’appel à l’aide du contremaître – reçu par télex de l’ambassade suisse – pendant le service du dimanche. J’ai alors pris une décision solitaire et suis parti immédiatement. Seul dans ce pays que je ne connaissais pas, après le départ du photographe le premier jour, je suis devenu le négociateur entre les donneurs d’ordre libyens, qui insistaient pour que les travaux soient effectués, et les ouvriers désespérés abandonnés à leur sort. Pour obtenir immédiatement des fonds, j’ai acheté de l’alcool pour l’équivalent de 1500 francs suisses que j’avais réunis – avec un ouvrier du bâtiment astucieux, nous avons coupé l’alcool et encaissé 10 000 francs suisses en le vendant à des clients locaux, ce qui nous a permis d’approvisionner sommairement les ouvriers en nourriture. Les collaborateurs de l’ambassade suisse se sont tenus en retrait dans cette affaire, ils ne voulaient pas mettre en danger les bonnes relations avec les dirigeants libyens, selon la déclaration officielle. L’ambassadeur m’a tout de même averti que les autorités locales étaient à ma recherche. Ceci après la parution d’un article à grand tirage dans le Blick à mon nom, bien qu’il ait été convenu que l’histoire serait publiée sous un pseudonyme pour me protéger. Comme je n’étais pas entré dans le pays avec un visa officiel de journaliste, j’ai dû quitter le pays au plus vite. Ce que j’ai réussi à faire de justesse. Et les travailleurs ont finalement pu être rapatriés après deux semaines (et plusieurs unes du Blick).

Et enfin, plus une première qu’une primeur : la première histoire culturelle jamais publiée dans Blick, mon conte de Noël sur le grand mais difficile écrivain suisse Robert Walser, à l’occasion de l’anniversaire de sa mort le 25 décembre dans un hôpital psychiatrique (ou « asile d’aliénés », comme on disait alors).

Mon premier Bilanz

Ce magazine, qui à l’époque était tout nouveau, m’allait comme un gant. On n’y parlait pas seulement de chiffres, mais aussi de personnes du monde de l’économie, ou plutôt de leurs ego. Andreas Z’Graggen, le rédacteur en chef, disait qu’il existait trois entreprises qu’aucun journaliste n’avait encore atteintes : André, une société de commerce, Firmenich, une entreprise d’arômes et de parfums, et Maus Frères, les frères invisibles derrière Manor et Lacoste. La personne qui parviendrait à rédiger un article d’investigation sur l’une de ces entreprises recevrait une caisse de champagne. J’ai bien entendu accepté le défi, et j’ai par la suite livré les trois histoires « impossibles ». Santé !

1977

1980

Thomas qui ?

Un jour, un journaliste de Ringier du nom de Frank A. Meyer, doté d’un certain charisme et d’une grande assurance, m’a appelé pour me faire revenir au Blick. Je lui ai demandé quel poste il avait exactement en tête pour moi. FAM a alors admis qu’aucun poste n’était encore vacant à ce moment-là, mais qu’il me mettrait temporairement dans leur pool de talents, et que je devais voir cette opportunité comme un tremplin. Je l’ai d’abord remercié. Puis j’ai ajouté : « Je viens tout de suite, mais seulement pour mon job de rêve, en tant que directeur du Blick ». J’avais 28 ans et malheureusement, ça ne devait jamais arriver.

Dernier arrêt : Lucerne

Quelques mois après la tentative de débauchage de FAM (voir ci-dessus Thomas qui ?), Lucerne m’a été servie sur un plateau d’argent : Jürg Tobler, le chef du Luzerner Neusten Nachrichten, a été licencié et Christian Müller, le directeur de la publication, a été nommé pour lui succéder. Sur quoi 31 membres de la rédaction ont démissionné. J’ai alors reçu une offre des éditions Ringier, qui publiaient ce journal, non pas en tant que directeur de Blick, mais tout de même en tant que rédacteur en chef du LNN. Lucerne était ma ville après tout, je ne pouvais pas refuser cette offre.

Le rédacteur en chef est responsable de la composition du journal, des articles mis en avant, de leur taille, etc. Mais je ne me privais pas de faire parfois des recherches et d’écrire moi-même des reportages. Je suis par exemple allé à la Coupe du monde de football 1982 en Espagne après avoir gagné un pari contre le chef des sports de LNN (j’avais prédit correctement que l’Italie irait en finale). Après le match à Madrid, où l’équipe nationale italienne a battu l’Allemagne 3-1, mes collègues accrédités se sont rendus à la conférence de presse et je suis rapidement resté le seul journaliste dans les tribunes du stade Santiago Bernabéu. Soudain, j’ai vu le chancelier allemand Helmut Schmidt et son entourage se diriger vers la sortie. J’ai crié : « Monsieur le Chancelier, Monsieur le Chancelier… » mais il a semblé m’ignorer. Le porte-parole du gouvernement, Klaus Bölling, m’a alors dit : « Plus fort, il entend mal. » J’ai hurlé après Helmut Schmidt. Il m’a alors remarqué et m’a accordé une interview imprévue. Il s’était également entretenu avec un collègue de l’ARD, je crois, et le Luzerner Neusten Nachrichten avait pu interroger en exclusivité mondiale le plus haut responsable allemand sur la défaite de l’Allemagne.

« En 1982, Paolo Rossi faisait partie l’équipe nationale de foot d’Italie », peut-on dire sur le champion du monde d’alors. Et dans la même veine : « Thomas Trüb était à l’époque collaborateur de l’éditeur Ringier, basé à Zurich ».

Photo : Wikimedia Commons

1982

Live fast die young (mais pas trop)

Marie-Françoise et moi faisions alors un grand voyage à travers le Mexique en bus et en train. Nous mangions dans un restaurant à Puerto Angel quand une fusillade a éclaté. Mais la situation la plus dangereuse à laquelle j’ai été confronté était durant une baignade : je n’avais pas remarqué que seuls les locaux allaient à la mer ce matin-là. Les touristes, eux, étaient restés à la piscine de l’hôtel. Une vague géante, m’a complètement pris par surprise et m’a englouti. À ce moment-là, j’ai vécu une expérience de mort imminente, exactement comme l’a décrit Elisabeth Kübler-Ross, la spécialiste de la mort. J’ai vu la lumière au bout du tunnel et mon corps a sécrété une telle dose d’endorphine que je n’ai plus eu peur de l’inconnu. Tout était paisible et beau. Depuis, la mort a une connotation positive pour moi. Néanmoins, je suis reconnaissant aux pêcheurs mexicains qui m’ont sorti de l’eau inconscient et m’ont sauvé de la noyade.

1983

Le sport c'est chaud, non ?

Je voulais participer au premier triathlon zurichois sur la distance olympique (qui correspond à un tiers du parcours du triathlon classique). Mais l’organisateur m’a convaincu de m’inscrire à la distance des deux tiers. Encore une fois, j’ai voulu relever le défi. Malgré une préparation modeste (et c’est un euphémisme), j’ai terminé meilleur finisher de Suisse centrale.

Course de cyclisme Milan – San Remo, probablement les onze heures les plus éprouvantes de ma vie.

Le meilleur pour la fin : le marathon de New York. J’avais réussi à me qualifier, tout allait bien. Mais je n’ai finalement pas pu y participer : le médecin me l’a interdit à cause de mes douleurs au genou. Renoncer a vraiment été un coup dur. Et Michael Ringier a dû prendre le départ seul, après que je l’ai convaincu de participer. Il était furieux contre moi, mais seulement pendant un court moment.

1984, une année décisive

On dit qu’il vaut mieux s’arrêter quand les choses sont les plus belles. J’ai donc quitté le LNN pour me mettre à mon compte. Mais que faut-il pour réussir une carrière d’entrepreneur ? Plusieurs choses : des idées, de la persévérance, la capacité de concrétiser des projets et des clients. J’avais des idées. Des clients aussi. Enfin, j’avais un client : une maison d’édition allemande qui voulait entreprendre quelque chose en Suisse. Quoi exactement? Je ne sais pas. Ou en tout cas, je ne sais plus. C’était donc plutôt un demi-client. Jusqu’à ce qu’arrive Bruno Gabriel. L’entrepreneur lucernois pionnier dans le domaine des logiciels et du capital-risque m’a mandaté pour développer un magazine client. Et comme cela est souvent le cas avec les jeunes entrepreneurs, il ne me payait pas avec de l’argent, mais avec des parts de capital propre de sa société Also, une start-up informatique. Nous avions rédigé un brouillon pour un magazine, l’avions livré et vite oublié. Jusqu’à ce que j’apprenne quelques mois plus tard, après que Bruno eut introduit en bourse une partie des actions Also, que ma participation valait désormais quelque chose, à savoir quelques centaines de milliers de francs. Mais plus important encore que le montant était la prise de conscience que l’on pouvait gagner de l’argent en émettant des factures, alors que l’equity, les capitaux propres, vous rendent potentiellement riche. Aujourd’hui, je décrirais cela comme un game changer, car à partir de ce moment-là, le capital-risque est devenu mon modèle économique.

Gravés dans ma mémoire

Des personnes qui ont marqué ma vie jusqu’ici (sans prétendre à l’exhaustivité).

Mes parents : ils nous ont appris, à mon frère et à moi, que le bonheur familial est plus important que la richesse matérielle.

Mon frère Martin : parce qu’il était fan des Beatles, je suis devenu fan des Rolling Stones. Si cela avait été l’inverse, je profiterais aujourd’hui de ma retraite en tant qu’ancien employé fédéral.

Michael Ringier : sans lui, rien n’aurait été possible.

Uli Sigg : j’ai beaucoup appris du brillant Uli. Une leçon de vie m’a particulièrement marqué : apprends à poser les bonnes questions.

Ueli Flörchinger : mon alter ego depuis des années lorsque je construis tous mes projets partout dans le monde. Il maîtrise toutes les disciplines (finance, administration, droit et quelques autres) qui me sont encore étrangères aujourd’hui.

Othmar « Otti » Frey, l’idéologue en chef de la Jeune Gauche lucernoise de l’époque. Sans lui, pas de Cuba, et sans Cuba, pas de Marie-Françoise. Grâce à lui, j’ai aussi appris l’art de la dialectique – cela m’a aidé dans de nombreuses conversations et négociations.

Marie-Françoise, mon épouse : elle m’a inculqué le sens de la famille corse (voir aussi « Nos parents »). Son talent d’actrice lui permet de surprendre chaque jour.

Dariu, mon fils, né en 1987 (j’avais 35 ans) : il m’a appris que nous ne devons pas regarder le monde à travers nos yeux eurocentriques. Et il vit aujourd’hui la vie dont j’ai toujours rêvé dans mes jeunes années : aternative, écologique, autodéterminée. Et toujours faire ce qui lui plaît. On pourrait parfois être un peu jaloux.

dès

1988

Retour chez Ringier, mais pas en tant qu’employé

Comment c’était déjà entre moi et Ringier ? Plus de dix ans auparavant, j’avais répondu à Frank A. Meyer que je viendrais, mais seulement en tant que directeur du Blick. À cette époque, cela ne s’était pas produit. Mais j’avais au moins été nommé co-responsable pendant un certain temps du Luzerner Neuste Nachrichten (LNN), que j’avais en quelque sorte transformé en quelque chose de similaire à un tabloïd, bien qu’il s’agissait d’un journal sur abonnement. La maison d’édition réfléchissait à créer ce qu’on appelle des line-extensions, des extensions de marques à succès, par exemple un Blick spécialisé en économie. Michael Ringier et d’autres dirigeants de l’entreprise ont estimé que ce créneau me conviendrait. Je trouvais l’offre séduisante, mais j’avais une autre idée : un Blick (regard, en allemand) sur l’économie. Cash est ainsi paru pour la première fois en 1989. Mon surnom chez Ringier n’était pas TT, mais « tut ». Pas mal non plus.

Peu avant la chute du Mur de Berlin, en automne 1989. Et peu avant mon voyage dans l’autre direction – prends garde, Europe de l’Est, Ringier et Thomas Trüb arrivent !

Photo : Raphaël Thiémard / CC-BY-SA-2.0

Money, money

Je ne voulais pas redevenir salarié, avais-je annoncé avant de retourner aux éditions Ringier. Je trouvais la vie d’indépendant amusante (et lucrative). Michael Ringier n’y voyait pas d’inconvénient et était d’accord pour que je travaille pour lui sur mandat. Souvent, je prenais également des (petites) participations pour montrer que je croyais vraiment en mes idées commerciales.

Cash, l’hebdomadaire économique populaire que j’ai inventé et développé, a d’ailleurs rapporté plus d’argent que n’importe quel autre titre de la presse écrite en Suisse pendant ses vingt et quelques années de parution (jusqu’à l’apparition du journal gratuit 20 Minutes), surtout grâce à ses clones, publiés par la suite dans les pays d’Europe de l’Est fraîchement libéralisés (l’édition papier suisse a cessé de paraître en 2007 CashLa version en ligne cash.ch est aujourd’hui la plus grande plateforme financière Suisse).

dès

1989

Le livre pour entrepreneurs le plus court de l’histoire, ou Mon parcours professionnel en sept mots

Entrepreneur, avec l’argent des éditions Ringier (aussi appelé « Intrapreneur »).

Devant tant d’élégance et de style, le photographe n’avait plus l’équilibre nécessaire pour prendre la photo. Thomas en train de marquer pour le FC Alternativ-Luzern.

Photo : privée

Le jeu de la vie

Pour moi, c’est clairement le football. Ma position préférée était celle de libéro, un défenseur sans adversaire direct. En d’autres termes, l’antithèse de mon comportement dans les affaires. Ma passion m’a amené jusqu’à l’équipe nationale (celle des journalistes, pour être précis). J’ai même cofondé un club, le FC Inter Altstadt, qui évoluait dans la ligue alternative de Lucerne. Cette expérience m’a cette fois réellement amené en prison : un coéquipier avait tué sa femme. Un acte horrible, commis par jalousie ou, pour le dire plus poliment, par passion. Nous, les joueurs, avons fait preuve de solidarité avec toutes les victimes : le fils qui a perdu sa mère, mais aussi avec A., l’agresseur, dont je suis devenu le tuteur. Nous avons soutenu le garçon, mais nous avons également soutenu son père pendant sa détention. Nous l’avons notamment aidé à s’occuper de l’équipe de la prison dans laquelle il était autorisé à jouer. Ce qui nous a valu d’être invités par de nombreuses autres équipes de détenus à jouer contre eux dans des prisons.

En dehors de cela, j’ai réussi à amener Günter Netzer au FC Inter Altstadt. Le grand footballeur allemand était sans engagement après avoir quitté le Grasshopper Club GCZ de Zurich. Fidèle à ma devise « Rien n’est impossible », je lui ai alors demandé s’il ne jouerait pas occasionnellement avec nous pour la bonne cause (et un permis d’établissement du canton de Nidwald). Il a accepté. Malheureusement, il n’a pas joué, le club sportif HSV de Hambourg l’a embauché comme manager et il n’a jamais élu domicile à Nidwald.

Cash as cash can

François Mitterrand, président de la France de 1981 à 1995, parlait d’un « capitalisme à visage humain ». Je peux souscrire à cette affirmation. Dans le sens d’une économie sociale de marché, mais aussi dans le sens où l’accent est mis sur les personnes. C’était l’idée derrière notre nouveau journal suisse Cash en 1989. Les histoires économiques personnalisées étaient appréciées des lectrices et des lecteurs. Un an plus tard seulement, en 1990, nous lancions déjà une variante de Cash en République tchèque, appelée Profit. Nous avons en outre lancé le tout premier projet de journal multimédia au monde avec la création de Cash daily, un quotidien gratuit publié en Suisse ainsi qu’un portail financier et économique accessible sur le Web.

dès

1989

1980

.

Une passe décisive pour sauver le football

Lorsque le FC Lucerne, mon club préféré depuis ma tendre enfance, était à deux doigts de sombrer financièrement, je ne pouvais plus me tenir à l’écart. J’ai ainsi réussi à sceller un accord entre l’entreprise Schild, une chaîne lucernoise de vêtements, et le FCL. Schild a acheté pour CHF 300 000 d’espace publicitaire, et la maison d’édition Ringier a fait don de cet argent au club. Cet accord a porté ses fruits et a même produit un effet durable : le FCL existe toujours, tandis que Schild, après quelques années mouvementées, a finalement vendu son activité à Globus en 2019.

Une passe décisive à Marseille

J’ai toujours pensé que lire des journaux et des magazines était une activité enrichissante. Dans les années 1980, je suis tombé sur un article du Nouvel Observateur consacré à Marseille, selon lequel la deuxième ville de France était un endroit au bord de la Méditerranée où il faisait bon vivre. Il précisait en outre que les prix de l’immobilier y étaient relativement bas. Je n’ai même pas eu besoin de convaincre ma femme ; cette ville portuaire était depuis longtemps une destination évidente pour les Corses qui se sentaient trop à l’étroit sur l’île. J’y ai donc acheté une maison, Marie-Françoise s’y est installée, et c’est également là que je vivais lorsque je n’étais pas dans un avion à destination de l’Europe de l’Est ou de l’Asie.

En tant qu’amateur de football, je connaissais bien entendu le club de la ville, l’Olympique de Marseille, et son histoire mouvementée. Au début des années 1990, après une période faste, le club a chuté. Leur victoire en Champions League a été suivie d’une relégation forcée en raison d’une affaire de pots-de-vin. Les difficultés étaient grandes, l’argent rare. Comme je travaillais à l’époque pour la joint-venture de droits sportifs de l’éditeur allemand Axel Springer et de Leo Kirch, le distributeurs de films, on m’a demandé de négocier avec la direction du club une éventuelle vente de l’OM aux partenaires allemands. Tout se présentait bien, nous aurions probablement pu obtenir le club. Mais l’affaire n’a pas abouti, car Kirch était au bord de la faillite. Je me souviens encore de ses mots lorsque je l’ai appelé pour lui demander pourquoi l’affaire ne pouvait pas être conclue. Il a dit : « Je vous invite à venir me voir à Munich dans mon bureau – vous y serez face à l’homme le plus endetté d’Allemagne. »

Ma maison sur la colline qui surplombe la baie Ajaccio est baptisée « U Tempu Persu », en corse, « Le Temps Perdu ». Ce qui est faux, naturellement. Elle devrait s’appeler « Le Temps Gagné » (la photo montre la maison d’hôtes).

Photo : Alberto Venzago

Château Trüb ou, en termes plus modestes, notre maison à Marseille.

Photo : privée

Chambre ou appartement avec vue – depuis le pied-à-terre Suisse de Thomas à Lucerne.

Photo : privée

Ma vie

Une remarque à l’avance : j’ai commencé à investir tôt parce que j’ai toujours voulu être indépendant. J’ai envisagé l’alternative, plus évidente pour un hippie, à savoir conduire jusqu’à Goa et profiter de l’amour libre en fumant des joints sur la plage, mais je l’ai rejetée après mûre réflexion. Mais ce que je n’ai jamais fait pour des raisons éthiques : spéculer sur des biens immobiliers considérés comme des objets de placement. Grâce à mon avantage informatif occasionnel (par exemple en Europe de l’Est), j’aurais pu devenir extrêmement riche. Mais ce n’était pas mon but. J’ai voulu devenir journaliste après avoir réalisé que je pouvais faire ce que je voulais dans ce métier : mettre en œuvre de bonnes idées et raconter des histoires passionnantes. Et de gagner ainsi suffisamment d’argent pour pouvoir assouvir mon désir d’indépendance. La voie que j’ai finalement empruntée a été légèrement différente, mais je suis resté fidèle au projet initial. Même lorsqu’il s’agit d’investir dans des maisons et non de spéculer sur celles-ci.

Marseille aurait pu évoluer autrement. Avec le recul, les décisions que nous avons prises semblent claires et simples. Mais à l’époque, personne ne savait si la ville portuaire allait s’en sortir ou sombrer. Criminalité, corruption, immigration, chômage… Les choses ont fini par changer, heureusement. Et je ne suis bien sûr pas le seul fan Suisse de Marseille : Peter Schellenberg et Roger de Weck aiment aussi la ville. C’est pourquoi nous avons fondé le Marseille Club.

Ma décision d’acheter un terrain avec une maison en Corse au début des années 1990 était une également affaire de cœur. Au cours des années suivantes, j’ai pu acheter les terres voisines, ce qu’il faut absolument faire si c’est possible. Mon terrain, qui se trouve au sommet d’une colline avec vue sur la baie d’Ajaccio et que je considère comme ma maison depuis longtemps, s’étend sur plus de 40 000 mètres carrés. Nous avons un parc dans lequel une surprise attend le promeneur au détour de chaque sentier, avec de vraies répliques d’œuvres d’art et des félins inoffensifs cachés dans les arbres. Plus loin se trouve un zoo avec environ quarante animaux vivants, dont deux ânes, que j’appelle « mes odes à la Corse ». Nous avons également une villa de vacances tout juste rénovée avec un jacuzzi sur le toit, que je loue et qui n’est pas visible depuis ma maison.

U Tempu Persu: cliquez et immersez-vous

Mon schéma de prédation

Je fonctionne de la même manière dans ma vie privée que dans les affaires : c’est à la femme, l’autre partie, de faire le premier pas. Ainsi, je sais si l’autre est réellement intéressé par moi ou par mon offre. Après avoir fait la connaissance de Marie-Françoise le 31 Août 1973 lors d’un voyage à Cuba (où elle m’avait abordé), je lui ai envoyé un bouquet de fleurs à Paris une fois rentré chez moi. Elle m’a ensuite rendu visite à Lucerne. Nous nous sommes mariés assez rapidement, une décision qui n’était pas dépourvue d’intérêts personnels, puisqu’elle lui a permis d’obtenir un permis de séjour en Suisse et moi un passeport français. Cette union de circonstance est devenue ma plus grande histoire d’amour. Le 31 août 2023, cela fera 50 ans que nous sommes ensemble. Mais dire que j’ai épousé « ma femme » ne reflète pas suffisamment bien la réalité. Je dirais plutôt que j’ai épousé « une grande famille corse ». Moi, ça me convient.

Notre special sauce, notre recette secrète

On nous demande souvent, à Marie-Françoise et à moi, quelles sont les conditions pour qu’un couple reste uni pendant 50 ans. Je ne peux pas répondre à cette question de manière générale, mais je peux dire ce qui fonctionne pour nous. Nous avons trois vies : elle vit la sienne, je vis la mienne, et nous en vivons une ensemble. La seule exception concerne l’éducation des enfants. Dans ce domaine, nous sommes complices, nous ne nous laissons jamais diviser, nous avons toujours pris les décisions ensemble ou du moins, nous les avons toujours présentées à notre fils Dariu comme une décision commune. De plus, ma femme et moi avons des personnalités opposées : elle est plutôt introvertie et pessimiste, elle affectionne la notion d’ennui tant aimée des Français, une certaine mélancolie de la vie. Pour ma part, je suis extraverti et presque toujours confiant. Ces différences ont sans doute contribué, d’une certaine manière, à ce que nous nous entendions toujours très bien.

Go East, cher quarantenaire

Certes, j’avais pour ambition de conquérir les marchés tout juste ouverts d’Europe de l’Est. Mais au départ, il y a eu, comme souvent, un heureux hasard, en l’occurrence un physiothérapeute tchèque qui m’a parlé avec enthousiasme des possibilités commerciales dans son pays. C’est là que j’ai fait la connaissance d’un jeune journaliste économique : Michal Voracek. C’était un coup de cœur, je l’ai constaté lors de notre balade dans les plus belles caves à bière de Prague. Michal était notre homme, et c’est ainsi que je me suis rendu à Prague à la première occasion, avec 50 000 francs suisses dans mes bagages. Voilà comment est née notre première adaptation de Cash, que nous avons judicieusement appelée « Profit ». Nous avions toutes les compétences nécessaires et les conditions étaient libérales. Mais la situation de départ sur place était différente : trouver de bons collaborateurs était difficile. La qualité des imprimeries ne correspondait pas à nos standards. En outre, la publicité est fondamentalement une affaire locale, ce qui nous a donné du fil à retordre. Malgré tout, nous avons su tirer parti de notre avantage d’early mover. Nous avons ensuite lancé en République tchèque le tabloïd quotidien Blesk dont le concept était basé sur Blick. Le supplément de l’édition dominicale était si populaire auprès des clients que nous avons pu tripler le prix des annonces. La demande d’espaces publicitaires dépassait toujours notre offre de pages, ce qui est presque inimaginable aujourd’hui.

dès

1990

Moi, le fêtard

Je ne le suis pas vraiment, c’est juste arrivé comme ça. Car si vous prévoyez une fête en Corse, vous inviterez forcément tout le village, on peut grossièrement comparer cela aux coutumes de mariage en Inde. Alors qui suis-je pour ne pas accueillir le cousin du cousin (et ses cousins) également ? En plus de cela, il nous invitait également ma famille et moi lorsqu’il y avait quelque chose à célébrer chez lui. C’est pourquoi nous avons invité plus de 300 personnes au baptême de notre fils Dariu en 1987. Le jour de mes 40 ans, il y en avait 450, mon record jusqu’à présent. Pour les 60, il y avait moins de monde, mais plus de fêtes dans quatre endroits différents : à Lucerne, en Asie, en Afrique et, bien sûr, en Corse.

Mon fils Dariu ou de startuper à thérapeute et artiste de la vie

L’amour, c’est savoir lâcher prise. C’est tout donner à un enfant pour qu’il devienne autonome et puisse vous quitter.

Je suppose qu’il n’a pas dû être facile de grandir aux côtés d’un père qui a plus réussi qu’il n’a échoué, que beaucoup de gens apprécient et dont la majorité a une assez haute opinion. C’est pourquoi j’ai toujours fait le pitre devant Dariu, pour lui montrer que je ne me prends pas autant au sérieux.

Mon fils a étudié à la School of Oriental and African Studies (SOAS) à Londres. Cette école n’enseigne pas notre vision occidentale habituelle, mais celle des cultures africaines et orientales. Une attention particulière est également accordée aux études de développement. Dariu a ainsi appris qu’il était également possible de voir le monde à travers d’autres yeux que les nôtres. Il m’a transmis ces connaissances, et j’en ai également profité.

Après ses études, il démarre brillamment dans les affaires au sein de start-ups en Afrique et d’entreprises à but non lucratif en Asie. Puis, avec l’aide bienveillante de sa petite amie de l’époque, il a découvert que cette vie, qui ressemblait étrangement à la mienne, n’était pas vraiment faite pour lui. Il s’est donc réorienté – il a suivi une formation d’hypnothérapeute. Il mène désormais une vie alternative et respectueuse de l’environnement en Corse, avec sa nouvelle petite amie, avec de petits écarts, des voyages autour du monde.

Mon fils et partenaire commercial, Dariu. C’est lui qui m’a convaincu de venir avec lui en Afrique – c’était le début de Ringier Afrique

Photo : Alberto Venzago

vers

1990

Têtes pensantes, mains avides

Nous ne nous sommes pas contentés de créer de nouveaux journaux et magazines en Europe de l’Est, nous avons aussi acheté des titres locaux qui nous semblaient prometteurs. C’est le cas du magazine culturel tchèque Reflex. Le rayonnement de ce journal intelligent nous faisait plaisir. Jusqu’à ce que nous découvrions que les rédacteurs en chef et les copropriétaires, des intellectuels de la région, avaient vendu leurs parts deux fois : la première fois à un acteur local, dont la réputation n’était pas la meilleure, et la deuxième fois à la maison d’édition Ringier. On m’a alors confié la tâche d’arracher les parts à l’autre acheteur. Je n’y suis parvenu qu’après avoir découvert que sa fille était en internat en Suisse et que la famille tenait à sa bonne réputation dans notre pays. Cela signifie qu’une certaine pression de ma part a été nécessaire pour qu’un accord soit finalement conclu à quatre heures du matin.

Ce que ces cinquante dernières années m’ont appris : « L’irrationalité dirige le monde. »

Mon argent

L’argent donne de l’indépendance. Ayant toujours ressenti un besoin de liberté et d’autodétermination, j’ai compris que plus je gagnerais d’argent, mieux je me porterais. Surtout si cela est possible dans le milieu du journalisme – quoi de plus agréable que de développer des idées intéressantes puis de les mettre en œuvre ou de rechercher et d’écrire des histoires passionnantes ? Ou, alternativement, vivre comme un marginal, cela aurait sans doute été possible. Mais l’argent en soi n’est pas ce qui me motive ou ce qui m’intéresse particulièrement. Je ne m’y connais pas beaucoup en placements financiers ; je n’ai jamais trouvé ce domaine passionnant. C’est pourquoi je confie la gestion de mon patrimoine à un professionnel. Et je ne suis pas quelqu’un qui s’informe toujours de l’évolution de ses actifs. Mais j’ai appris à avoir une vision à court terme de la performance : lorsque le manager m’invite à la Kronenhalle à la fin de l’année, c’est que mon patrimoine a mal évolué. Quand les cours augmentent, il ne me paie qu’une bratwurst du Sternen Grill. En revanche, j’ai mis tout mon cœur dans des participations à des start-up. Certains investissements ont porté leurs fruits et ont pris beaucoup de valeur, d’autres décisions se sont en revanche avérées mauvaises. J’ai investi dans l’une des rares licornes françaises en tant qu’investisseur en amorçage. Ce qui me fascine le plus dans les start-up, c’est la façon dont les fondateurs, qui sont généralement jeunes, voient le monde. Je veux connaître leurs idées, alors de temps en temps j’invite quelques personnes de nouvelles entreprises chez moi.

Aujourd’hui encore, je ne suis pas capable de dire si un concept de start-up va connaître un grand succès ou si ce sera un échec. Mais je pense pouvoir prédire avec une probabilité assez élevée si un projet risque d’échouer. Au vu de ma propension au risque, investir dans les start-ups est mon choix de prédilection : je suis facilement tenté par les risques élevés. La possibilité de perdre l’intégralité de l’argent que l’on investit a aussi son charme.

La rencontre la plus mémorable de ma vie

« Un petit homme se tenait dans la forêt, immobile et muet… »

C’est à cette comptine que Ly Van Sau m’a fait penser lorsque je l’ai rencontré pour la première fois lors d’une réunion à Hanoi au début des années 70. Et de nombreuses autres réunions devaient suivre avec nos partenaires vietnamiens pour lancer un journal économique comme le magazine Cash. Et Monsieur Sau, ce petit homme discret, qui a certainement plus de 70 ans, était toujours assis là, sans jamais prononcer un mot.

Un jour, après une réunion, je lui ai demandé quelle était sa fonction et il m’a expliqué qu’il était mandaté par le parti communiste pour veiller à ce qu’aucune erreur de contenu ne se glisse dans le journal.

Ensuite, nous sommes allés prendre le thé et il m’a raconté son histoire.

Il était un proche compagnon de route d’Ho Chi Minh et avait déjà été chargé, en tant que journaliste, de gérer une station de radio de guérilla pendant la guerre d’Indochine française. Son équipement consistait en deux éléphants qui, pour ne pas être repérés, transportaient chaque nuit l’équipement nécessaire à travers la jungle afin que les journalistes puissent émettre pendant la journée.

En 1968, au début des négociations de paix de Paris, il a été nommé porte-parole du Nord-Vietnam et a conservé cette fonction jusqu’à la conclusion du traité en 1973. Durant cette période, il a rencontré de nombreuses personnalités, de Henry Kissinger au président Georges Pompidou en passant par Fidel Castro et l’ayatollah Khomeini.

Par la suite, je l’ai invité en France avec sa femme, car son dernier souhait était de montrer Paris à sa femme. Après Paris, ils sont venus nous rendre visite en Corse, c’était le plein été et le premier matin, il était devant moi parfaitement vêtu d’un costume-cravate pour rendre hommage à Tino Rossi et se rendre sur sa tombe. Le chanteur et acteur corse était une star mondiale absolue dans les années 60, avec plus de 300 millions de disques dans le monde et un répertoire incroyable de plus de 1000 chansons. Et mon ami Sau a versé des larmes sur cette tombe et a récité par la suite une bonne douzaine de chansons. Et c’est ainsi que j’ai appris qu’il était un fan absolu de la culture française et qu’il connaissait aussi toute la littérature sur le bout des doigts. Outre le vietnamien, le russe et le chinois, il parlait parfaitement, l’espagnol, l’anglais et le français.

Et lors des soirées en Corse, il nous a raconté sa vie mouvementée aux côtés d’Ho Chi Minh, ses éléphants, comment il a rencontré sa femme dans la jungle, ses rencontres avec tous les personnages importants et surtout son amour pour son pays.

Je n’oublierai jamais les rencontres avec cet homme humble qui nous avait profondément impressionnés par son charisme et son histoire.

1995

De l’importance des cuisses de grenouille

On me demande souvent les raisons de mes liens si particuliers avec le Vietnam. Je réponds invariablement : la politique (Ho, Ho, Ho Chi Minh…), un peuple que j’admire, les personnalités rencontrées… Et la cuisine : mes premiers voyages à Hanoi ont été invariablement ponctués de repas au mythique restaurant Cha Ca, qui sert une espèce de fondue de poisson irrésistible… Et je pourrais mentionner quantités d’autres plats tant la cuisine vietnamienne est riche et variée. Mais mon talon d’Achille, si je puis dire, ce sont les cuisses de grenouilles, parfois aussi grandes que des cuisses de poulet. Avec beaucoup d’ail et de la bière, fraîche, please ! On pourrait disserter longtemps sur le rôle de la nourriture dans la négociation des contrats, sur les motivations à faire des affaires dans un pays et pas dans un autre… Dans le cas du Vietnam, les grenouilles des rizières n’y sont pas étrangères.

Thomas a mis de la couleur dans le monde – des magazines, des journaux et d’autres médias qu’il a fondés ou cofondés en Suisse, en Europe, en Asie et en Afrique. D’où une carte du monde colorée qui montre où il est allé avec Ringier (bleu vif) et où l’entreprise s’est étendue après lui (bleu foncé).

vers

2001

à

2008

C’est à quoi ressemble un coup d’Etat : des tanks devant le quartier-général de l’armée, à Bangkok, en 2006. La fin aussi d’un projet commun avec l’ancien chef du gouvernement.

Photo : User:Roger_jg / Wikimedia Commons / CC-BY-SA-2.5

Un projet clé, tué dans l’œuf

En 2001, j’ai travaillé sur ce qui a peut-être été le projet le plus intéressant de ma carrière : une ONG américaine a contacté Michael Ringier avec l’idée de créer une rédaction composée de musulmans et de juifs à Jérusalem-Est. L’idée était de publier un journal commun qui serait utilisé par les Palestiniens et les Israéliens. C’était, au fond, un projet impossible. Entre autres parce qu’il n’y avait pas de dénominateur commun. Mais c’est précisément ce qui m’a mis au défi, « Impossible ? Cela n’existe pas », telle était ma position. J’ai donc trouvé un dénominateur commun : l’humour noir qui caractérisait les acteurs des deux côtés. J’étais enthousiasmé par le projet et prêt à y travailler pro bono, gratuitement. Parce qu’il était clair pour moi qu’un tel projet pourrait apporter une véritable contribution à l’entente entre les peuples. Sans compter que le journal, s’il pouvait paraître, ferait le tour du monde. Au début, nous avancions étonnamment bien, on parlait déjà de personnel, d’un concept rédactionnel et ainsi de suite. Jusqu’à ce que, tout à coup, les choses s’arrêtent net. Le chef de projet palestinien m’a dit avant de débrancher qu’il ne pouvait plus garantir la sécurité des employés : « Il a fallu présenter le projet au Hamas. Ils nous ont expliqué que toute coopération avec les Israéliens était une trahison et serait punie en conséquence. » Après tout, nous avons presque fait (un peu) de politique mondiale.

*

Autour de 2006, j’ai reçu une demande de la Thaïlande pour savoir si la société Ringier-Pacific, que je dirigeais, souhaitait lancer un tabloïd en Thaïlande en collaboration avec un important entrepreneur local. Nous étions bien évidemment intéressés. Mais nous n’avons plus jamais entendu parler de Thaksin Shinawatra, l’entrepreneur thaïlandais en question. Ce qui n’était pas étonnant : les unités policières et militaires avaient pris le contrôle du gouvernement alors que Thaksin, qui était Premier ministre du pays depuis 2001, se trouvait à New York pour l’Assemblée générale de l’ONU. Il s’est ensuite exilé à Londres, où il n’a pas pu poursuivre son projet de tabloïd. Entre-temps, ses successeurs en Thaïlande ont confisqué l’équivalent de plus d’un milliard de francs de ses actifs gelés. Il a entre-temps pris la nationalité monténégrine et a longtemps séjourné principalement à Dubaï (les Emirats n’ont pas d’accord d’extradition avec la Thaïlande) ; cependant, il est récemment retourné dans son pays d’origine, où il a été brièvement emprisonné puis hospitalisé, il est malade.

*

Un peu plus tard, je suis entré en contact avec Moeletsi Mbeki, frère de Tabo Mbeki, alors président de l’Afrique du Sud. Il avait été chargé par Nelson Mandela de mettre en place une maison de presse dont le groupe cible était les populations noires du pays. Les conditions de travail décrites paraissaient très confortables : « Il n’y a pas de limite de budget, tout est possible. » Mais rapidement, les Africains ont décrété que le projet n’était plus si urgent. Il a ensuite été suspendu soi-disant temporairement. Selon le frère du président, le travail devait reprendre après les élections, qui ont eu lieu en 2008. Moeletsi est certes resté le frère cadet de Tabo, mais le mandat de celui-ci n’a pas été renouvelé, et l’idée d’une société de médias noire est devenue de l’histoire ancienne.

Flops? I’ve had a few

Ringier avait le Sonntagsblick, Tamedia le Sonntagszeitung et le NZZ n’avait à l’époque pas encore d’édition dominicale. Il restait donc de la place pour le Sonntagsblatt, piloté par six éditeurs de journaux régionaux et Karl Schweri, le fondateur de Denner. La direction du projet m’a été attribuée. Le Sonntagsblatt, disponible sur les présentoirs comportant des sachets en plastique, dans lesquels on mettait les journaux, et une petite caisse dans laquelle on glissait le prix d’achat (ou pas) a rapidement disparu du marché. Était-ce dû à son contenu rédactionnel ? C’est possible. Selon moi, les intérêts divergents des trop nombreux éditeurs et de Schweri, un commerçant / patron prospère et rempli d’assurance, sont l’explication la plus plausible de cet échec.

*

La maison d’édition a ensuite mis au point Ringier Studios, une sorte d’appli précoce (axée sur des sujets tels que le prince William, la cocaïne ou la Champions League). En faisant cela, j’ai enfreint la règle que j’avais moi-même établie au cours de ma carrière : ne pas penser à partir du produit, mais à partir du marché. Selon cette règle, il ne faudrait pas se dire : « Ah, c’est un beau magazine, un bon journal, une application sympa, les gens vont l’acheter », mais plutôt : « C’est un groupe cible solvable et il s’intéresse à mon magazine, mon journal, mon application. »

*

L’édition allemande de Cash. Elle devait être une joint-venture entre Axel Springer et les éditions Spiegel. Elle devait… elle devait faire sensation, elle devait avoir un succès retentissant. Mais les ego démesurés des grandes maisons d’édition ont fait échouer le projet.

dès

2002

Mission IMPOSSIBLE (Fondation Dariu)

Pour finir, ma plus grande fierté : ma fondation, généreusement soutenue par les éditions Ringier depuis sa création, et à laquelle j’ai donné le nom de mon fils. Peut-être parce que je soutiens des enfants qui ont commencé leur vie dans des conditions moins favorables. Elle vient en aide à des enfants et de jeunes adultes issus de régions rurales du Vietnam et d’autres pays asiatiques. La population rurale est de manière générale désavantagée par rapport aux habitants des villes. En d’autres termes : nous trouvons et promouvons les talents là où personne d’autre ne les recherche et ne les soutient. Des talents qui autrement seraient restés méconnus.

La première conclusion que nous avons tirée est la suivante : si les enfants ne peuvent pas aller à l’école (parce qu’elle se trouve trop loin ou que les parents ne le permettent pas), l’école doit venir aux enfants. Nous avons donc mis sur pied des écoles mobiles qui se rendent dans les villages que nous voulons soutenir. Jusqu’à aujourd’hui, un million et demi d’enfants ont bénéficié des leçons d’informatique que nous proposons. Il existe différents niveaux, de l’enseignement des connaissances de base à une formation approfondie en programmation. Nous découvrons et formons des talents qui n’auraient sans doute pas eu cette opportunité sans la fondation. L’alphabétisation numérique, appelée digital literacy en anglais, est sans aucun doute l’un des prérequis principaux pour une vie professionnelle réussie à notre époque. Plus récemment, nous avons encore élargi notre offre : les connaissances de codeur sont une chose, les compétences entrepreneuriales en sont une autre. Et nous transmettons également de plus en plus ces compétences à nos participants. Car comme on le dit si bien : « Donnez un poisson à un enfant et il mangera pendant une journée. Apprennez-lui à pêcher et il mangera toute sa vie ». Dans notre exemple, on peut remplacer le pêcheur par l’entrepreneur.

Nous avons conçu et amélioré nos processus de manière à ce que chaque franc, euro ou dollar collecté et dépensé nous permette d’apporter davantage de connaissances à davantage d’enfants. Je suis fier de ce que nous avons accompli avec la Fondation Dariu. Je prévois prochainement de confier sa direction à un successeur. Je pense avoir déjà trouvé la bonne personne. Cela m’a toujours tenu à cœur, car je pense que celui qui échoue à désigner son successeur a échoué sur toute la ligne.

Un coup d’oeil dans la salle de classe – école primaire de Vi Than, novembre 2022.

Photo : Alberto Venzago

La meilleure affaire de l’histoire

J’ai proposé à l’entreprise Ringier d’acquérir 49,9% de parts de marché de la plateforme Scout24 pour 140 millions de Francs. À l’époque, c’était un prix élevé, mais aujourd’hui, entrer dans le réseau numérique suisse de petites annonces à un tel prix est considéré comme une belle affaire. Entre-temps, l’entreprise a rejoint le Swiss Marketplace Group (SMG), qui comprend notamment Autoscout 24, Homegate et Ricardo. Il s’agit de l’une des entreprises numériques au chiffre d’affaires le plus important en Suisse (le SMG est détenu par Ringier, TX Group, Mobiliar et l’investisseur General Atlantic).

Pour finir, une affaire (plus petite), mais également d’importance stratégique : l’achat de Radio Energy (NRJ) pour la Suisse. Avant la diversification, Ringier se trouvait dans une situation de départ similaire à celle de la SSR, avec un problème fondamental : un public satisfait, mais vieillissant. Gagner de jeunes clients n’était guère possible. La conclusion : un média jeunesse devait faire partie du portefeuille. C’est pourquoi nous avons acheté ce qui était alors Radio Z et l’avons déployé, en concertation avec les opérateurs français d’NRJ, à Zurich, puis à Bâle et à Berne. Avec notre programme, nous avons touché le plus grand nombre d’auditeurs de toutes les radios privées de Suisse, des jeunes auditeurs. Le deal a eu lieu en Corse, ce n’était pas le seul, la Corse allait s’avérer être un terrain fertile.

2007

Retour sur une vie aventureuse

J’ai eu le privilège d’assister à des changements politiques et sociaux en Europe de l’Est, en Asie et en Afrique. Et il n’est pas présomptueux de dire que Ringier, en tant que pionnier, a apporté une contribution importante à la liberté de la presse dans de nombreux pays. Cela s’est en partie accompagné d’une libéralisation de la liberté personnelle des habitants de ces pays, certains sont devenus des démocraties qui fonctionnent, d’autres non, malheureusement. Et la liberté de la presse – oui, la liberté de la presse n’est malheureusement pas devenue une évidence, elle est, une fois de plus, soumise à une pression croissante.

J’ai également eu la chance d’être au bon endroit au bon moment. Et d’être sans doute l’homme de la situation. J’avais une saine confiance en moi, mais j’étais aussi un homme d’action, une bête de front, je n’avais peur de rien ni de personne. Pourtant, je ne serais jamais allé aussi loin sans un éditeur et un client comme Michael Ringier derrière moi – il m’a donné la possibilité de réaliser tout cela. Et c’est ainsi que j’ai pu mener cette vie professionnelle et privée.

J’étais (et je suis toujours) une personne optimiste. Mais en matière d’environnement, je commence à avoir des doutes. J’espère me tromper encore une fois.

Thomas fait du Proust

Ou, cet homme de lettres répond à des questions que l’autre s’était déjà posées en 1895 (ou 1896).

Où souhaitez-vous vivre ?

Chez moi, en Corse

Qu’est-ce que le bonheur terrestre parfait pour vous ?

La légèreté de l’être

Quelles sont les erreurs que vous excusez le plus facilement ?

Les premières

Quel est pour vous le plus grand malheur ?

La souffrance

Vos héros de roman préférés ?

Sherlock Holmes, il résout tous les problèmes

Votre personnage historique préféré ?

Mahatma Gandhi

Vos héroïnes/héros préférés dans la réalité ?

Toutes les personnes qui s’engagent de manière désintéressée pour un monde meilleur

Votre peintre préféré ?

Mon cœur bat pour tous les artistes qui, malgré leur talent, sont restés inconnus toute leur vie

Votre compositeur préféré ?

Keith Richards

Quelles sont les qualités que vous appréciez le plus chez une femme ?

Que serait ce monde sans les femmes

Quelles sont les qualités que vous appréciez le plus chez un homme ?

(voir ci-dessus)

Votre vertu préférée ?

Altruisme

Votre activité préférée ?

Être joyeux et satisfait

Qui ou quoi auriez-vous aimé être ?

L’astrologue du roi du Bhoutan m’a prédit que dans ma prochaine vie, je verrais le jour en tant que vache. J’espère simplement que ce sera quelque part en Inde et non pas près d’un abattoir.

Votre principal trait de caractère ?

L’action, la tolérance, la confiance –
et j’ai gardé ma curiosité d’enfant.

Qu’appréciez-vous le plus chez vos amis ?

La longévité

Votre plus grande erreur ?

Croire que j’ai toujours 50 ans.

Votre rêve de bonheur ?

L’harmonie

Qu’aimeriez-vous être ?

En bonne santé, alerte et indépendant

Votre couleur préférée ?

Le rouge et le jaune

Votre fleur préférée ?

Dracula simia

Votre oiseau préféré ?

La sittelle corse, on ne peut l’admirer qu’en Corse.

Votre écrivain préféré ?

Cela dépend de ma forme du jour, en ce moment James Joyce. Il m’a demandé de tout faire pour comprendre Ulysse.

Votre poète préféré ?

Johann Wolfgang von Goethe. À l’école, je devais réciter le « Erlkönig » – c’était une horreur, mais des passages entiers me sont restés jusqu’à aujourd’hui.

Qu’est-ce que vous détestez le plus ?

La violence

Quels sont les personnages historiques que vous détestez le plus ?

Tous les criminels de guerre, la liste est malheureusement très longue.

Quelle est la réforme que vous admirez le plus ?

Le héros national corse Pasquale Paoli. Il a libéré l’île des Génois en 1755 et a écrit la même année la première constitution démocratique moderne au monde.

Quel don naturel souhaiteriez-vous posséder ?

Jouer du piano

Comment aimeriez-vous mourir ?

Au meilleur moment

Votre état d’esprit actuel ?

Ne demandez pas à mon psychiatre, je n’en ai pas.

Votre devise ?

Rien n’est plus fascinant que la réalité.

Quelle est pour vous l’invention la plus importante de ces cent dernières années ?

L’Internet

Pensez-vous que Dieu soit une invention de l’homme ?

En tant qu’agnostique, je dois passer mon tour

Qui aimeriez-vous rencontrer personnellement ?

La géopolitique m’intéresse, donc Henry Kissinger

Quel design préférez-vous ?

Flaminio Bertoni

Votre musique préférée ?

Blues & rock

Votre animal préféré ?

L’éléphant, selon mon astrologue de cour du Bhoutan, c’était moi dans ma dernière vie.

Quel sport pratiquez-vous ?

Vélo, tennis, natation, jouer aux cartes

Quelle voiture aimeriez-vous conduire ?

Je ne suis pas intéressé, je considère aujourd’hui que c’est un mal nécessaire.

Manger et boire maintiennent le corps et l’âme ensemble, qu’est-ce que c’est chez vous ?

Du poulet au piment sec, à la mode de Szechuan, accompagné d’une ou même de deux bières Tsingtao glacées.

Quels sont les trois objets que vous emportez sur une île déserte ?

Une connexion Internet, un réfrigérateur bien rempli (considéré comme un seul objet, espérons-le), un billet de retour.